Discernement de la vocation

Comment discerner une vocation à la vie religieuse spiritaine ?

Voici quelques repères… par le P. Marc BOTZUNG

  1. Le discernement d’une vocation est d’abord une réalité à vivre, à expérimenter dans un chemin de confiance et de foi avec le Christ. Comme toute expérience de marche sur un chemin il faut donc envisager du temps, des variations dans le ressenti et des transformations intérieures comme celles qui font dire à certains voyageurs « je croyais faire un voyage et au final c’est le voyage qui m’a fait ». Inutile d’espérer y voir clair sans s’engager soi-même sur le chemin en acceptant de payer de sa personne, de se laisser interpeller dans la rencontre des autres et en acceptant de recevoir d’eux.
  2. Ce chemin avec le Christ et vers lui ne se fait pas seul. Il est toujours chemin en Église et le discernement se fait à l’écoute des interpellations qui me viennent de l’Église en ses divers membres, même si certains ont davantage pour mission d’aider à s’orienter vers une vocation spécifique. Ainsi un accompagnement spirituel régulier permet de poser les bases d’une vie spirituelle et lui permet de croître toujours davantage. Il permet également une saine confrontation à un(e) grand(e) frère/sœur ayant déjà expérimenté des tronçons pour soi inconnus du chemin et d’en évaluer les aspérités, les illusions, comme d’en dégager plus clairement les lignes de force.
  3. Le temps de la formation en communauté spiritaine n’est pas le début du processus de discernement, tout comme la vie spirituelle ne débute pas avec cette étape. L’admission en formation spiritaine demande un contact préalable de plusieurs mois avec le responsable des vocations, ce qui peut être suivi de la part du candidat éventuel d’une demande explicite (par lettre) d’admission en formation pour la Congrégation.
  4. Dans les signes d’une vocation il faut considérer que la volonté de Dieu ne s’oppose pas à celle d’une personne, mais que la volonté de Dieu sait faire mûrir une personne pour la rejoindre au plus profond de son désir et de sa liberté jusqu’à l’appeler à une démarche qui soit une avancée progressive vers sa véritable personnalité.
  5. Mentionnons ici 5 points de repères éclairants quant à la dynamique qui nous habite et qui peuvent orienter vers un approfondissement d’une recherche de vocation de vie consacrée. Ces éléments sont comme des « sources de chaleur » (Cardinal Daneels) où se manifeste déjà partiellement le feu de la suite du Christ.
    1. Une attention à la Parole de Dieu : il ne s’agit pas d’une curiosité, mais d’une capacité de rencontrer le Christ, Maître intérieur, qui nous rejoint et nous parle au plus profond du cœur à travers le texte lu ou écouté.
    2. Avoir du goût pour l’intériorité. Cela s’accompagne de la capacité à rechercher et apprécier le silence ou la prière.
    3. Une attention aux pauvres où se fait jour une expérience de proximité et de fraternité.
    4. Se laisser inspirer par l’esprit de l’Évangile, par exemple par l’esprit de simplicité des Béatitudes.
    5. Savoir se situer en Église et l’apprécier telle qu’elle est (et pas seulement ou d’abord tel qu’on voudrait qu’elle soit !)
  6. A ces critères valables de manière assez générale pour une vocation à la vie consacrée, il nous paraît utile de préciser quelques critères complémentaires plus spécifiques à la vie religieuse et missionnaire spiritaine :
    1. Ouverture à la rencontre d’autres cultures
    2. Être prêt à vivre le dépaysement d’une vie à l’étranger
    3. Capacité de vivre en communauté internationale et de travailler en équipe

« Voici la marque ordinaire pour distinguer l’attrait de Dieu d’avec l’effet de l’imagination ou de la nature. Un attrait excité par la nature ou l’imagination exulte l’esprit, agite et préoccupe, distrait de Dieu et porte à l’amour-propre. L’attrait de Dieu est paisible, porte moins à l’esprit qu’au cœur, fortifie la volonté et rend plus fidèle à Dieu. L’âme, en ce cas, est humble devant Dieu, pleine de joie, de bonheur et désireuse de se rendre digne de sa vocation à laquelle elle se prépare avec paix. Il s’y mêle parfois des mouvements d’amour-propre. L’imagination se fait des représentations fantastiques. Mais cela n’est que par intervalles. Lorsque l’attrait est naturel ou imaginaire, il disparaît presque tout entier dans les moments où l’imagination est au repos et où l’amour-propre nous laisse tranquilles. S’il est de Dieu, il ne cesse pas, généralement, dans ces moments ; souvent, au contraire, il est alors plus suave et rend notre cœur plus ardent. »

P. Libermann, Lettres Spirituelles, III, pp. 499-500, cité dans Joseph Hirtz, Tu es appelé ! (le discernement de la vocation chez Libermann), 15 p., 2008, ici aux pp. 8-9